Contre l'avis de la Rapporteuse de la proposition de loi, les députés ont voté pour inscrire dans la loi le principe de l'achat de tout produit alimentaire en moyenne et grande distribution au moyen de titres-restaurant.
Pour Catherine Quérard, Présidente du GHR « l'adoption de cet amendement est un scandale. Le titre-restaurant devient un titre alimentaire, il perd définitivement son objet. Olivia Grégoire vient de tuer le titre-restaurant avec le soutien des députés du Nouveau Front Populaire. C'est une honte venant de la part de l'ancienne ministre du tourisme ».
Laurent Frechet, Président des restaurateurs ajoute que « la mort du titre-restaurant ne sera pas sans conséquences pour les restaurateurs déjà affaiblis par la mise en œuvre de cette mesure depuis octobre 2022 ».
Les restaurateurs sont aujourd'hui dans une situation de grande fragilité financière. Ils restent tenus par le remboursement de PGE alors que leur activité ralentit et que leurs charges d'exploitations se sont envolées : prix des matières premières, de l'énergie, de la masse salariale.
À titre d'exemple, la marge des restaurateurs est aujourd'hui, selon l'Observatoire Fiducial, de seulement 3% de leur résultat. Les défaillances d'entreprises se multiplient : elles ont augmenté de 20% dans la restauration au 3ème trimestre 2024 par rapport à 2023.
Pour Romain Vidal, en charge du dossier des titres-restaurant au GHR et membre de la CNTR, « la pérennisation de la dérogation est assurément un mauvais coup porté à la restauration qui a vu ses recettes en titres-restaurant diminuées de 5.5 points passant de 46,5% au 4ème trimestre 2022, date de mise en place du tout alimentaire, à 41 % au 1er trimestre 2024 selon les chiffres de la Commission Nationale des Titres Restaurants ».
La perte de chiffre d'affaires en titres-restaurant dans la restauration se chiffrerait à ce jour à près de 750 millions d'euros.
Catherine Quérard interroge les parlementaires : Quelle France veulent-ils pour demain ? Une France de grands distributeurs, plutôt qu'une France des restaurateurs et des commerçants et artisans de bouche animant les centres-villes et créant de la richesse économique, sociale et culturelle ?
Il est vrai que dans le même temps la part des titres-restaurant dépensée dans la grande distribution a augmenté de 7,7 points, entre le 4ème trimestre 2022 et le 2ème trimestre 2024 passant de 22,4% à 30,1%.
En deux ans la grande distribution a gagné plus d'un milliard d'euros de recettes en titres-restaurant au détriment des restaurateurs et des commerces alimentaires de détail, un poumon économique que l’on asphyxie.